Noblesse de l'encre
L'instituteur nous obligeait à utiliser la plume "sergent major"et l'écriture s'en trouvait fort belle.
Les lettres prenaient une troisième dimension, lorsque nous traçions, de haut en bas, "la lettre". Le bout de la plume s'écartait sous la pression et la consonne ou la voyelle s'élargissait miraculeusement.
Nous nous appliquions, afin que chaque mot s'aligne dans un ensemble parfait.
Puis soudain, une goutte bleutée se présentait au bout de la plume. Elle était volumineuse et l'accumulation du précieux liquide reprèsentait un sérieux danger.
Il fallait rejoindre à tout prix l'encrier sur le coté. Doucement...doucement,
mais l'encre s'était décrochée avant le dégagement total de la plume. La tache s'était répandue sur la page et absorbait plusieurs lettres. L'oeuvre était désespérément et définitivement perdue.
La plume et l'encrier.
